>|| 24 août 2018, 18h13 | MAJ : 24 août 2018, 21h21
Attention, profusion de couleurs, de senteurs, d’images
dépaysantes… et cohue à prévoir ce dimanche dans le quartier de
Le cortège — précédé d’un camion-citerne qui va « purifier
» les rues à l’eau de rose, emmené par un char supportant une (petite) statue
de Ganesh, et suivi de danseuses portant des coupelles de camphre enflammé sur
la tête — pourrait attirer plus de 40 000 personnes. Les fidèles de la
communauté francilienne (essentiellement des Tamouls originaires du nord du
Sri-Lanka) bien sûr, d’autres qui viendront d’Angleterre, de Hollande ou
d’Allemagne spécialement pour ce rendez-vous, mais
Comme chaque année, le défilé (qui tient autant de la
procession religieuse que du spectacle folklorique) s’élancera à 10 heures du
temple Sri Manicka Vinayakar Alayam situé au n° 17 de la rue Pajol et
organisateur de l’événement. Il y sera de retour vers 15 heures. Mais au terme
d’un
parcours qui a été réduit pour raisons de sécurité à
« Cette année, nous avions demandé à la préfecture de
police à pouvoir revenir au parcours qui prévalait avant les attentats,
rappelle Subajini Rajkumar, secrétaire de l’association organisatrice et nièce
du fondateur du temple hindoue de
Une décision difficile à comprendre pour beaucoup de
commerçants tamouls (surtout côté XVIIIe) qui faisaient
traditionnellement des offrandes à Ganesh lors du passage du dieu-éléphant
devant leurs échoppes… et que le cortège évitera pour la 3e année de
suite.
« Certains d’entre eux sont venus au Temple pour nous
reprocher de ne pas avoir assez négocié », note Subajini Rajkumar. « On peut
comprendre leur déception. Mais la sécurité du défilé passe avant tout. On doit
respecter les prescriptions de la préfecture de police », conclut-elle en
espérant que la procession ne tournera pas à l’embouteillage de piétons sur un
tracé aussi restreint.
Les conditions météo de dimanche ne sont en revanche pas
un sujet d’inquiétude. La baisse attendue des températures pourrait être
gênante pour les « porteurs » de la statue Ganesh, qui défilent torse nu en
signe de respect pour la divinité. « Mais ils attendent tous ce moment avec
tellement de ferveur que le froid ne les arrêtera pas », notent les
organisateurs.
Avant de rappeler qu’en 2017 la pluie qui était tombée toute la matinée avait cessé sitôt que la statue de Ganesh était sortie du Temple.
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De la ferveur, des couleurs, des senteurs et une effervescence digne du sous-continent indien. Ce dimanche, le défilé de Ganesh — le dieu-enfant à tête d’éléphant considéré comme le plus important de l’hindouisme — organisé pour la 23e année consécutive dans la capitale a, une nouvelle fois, transformé le nord du Xe et le XVIIIe arrondissement en une véritable ville d’Inde ou du Sri Lanka.
Malgré un parcours raccourci pour raisons de sécurité, des milliers personnes ont envahi les trottoirs du quartier de la Chapelle pour suivre le char bariolé supportant la statue de Ganesh sur une petite boucle de 2 km (contre 4 km avant 2015). Autour du temple Sri Manicka Vinayar Alayam de la rue Pajol qui organise la procession, se sont massés les fidèles venus de « little Jaffna », le surnom du microquartier comprenant les rues Louis-Blanc, Perdonnet et le haut de la rue du faubourg Saint-Denis où les premiers membres de la communauté tamoule s’étaient installés dans les années 1980.
Les femmes en sari portent des coupelles de camphre enflammé sur la tête. LP/Benoît HasseMais il y a aussi des membres de la communauté indienne et sri lankaise venus de toute l’Ile-de-France ou même de Belgique et d’Angleterre spécialement pour l’événement… Et puis il y a aussi d’innombrables « touristes » plus attirés par le spectacle que par la dimension religieuse du rendez-vous.
Les femmes en sari portent des coupelles de camphre enflammé sur la tête. Des hommes, torse nu, tirent les différents chars du cortège, presque en transe. Et des musiques entêtantes s’élèvent des multiples sonos installées devant tous les commerces du quartier.
Ces noix de coco safranées servent d’offrande au dieu.LP/Benoît HasseDans la rue du Faubourg Saint-Denis, couverte de guirlandes de fleurs, les commerçants attendent le passage de Ganesh devant chez eux avec impatience. Tous ont dressé un petit Autel à la gloire de la divinité et ont fait provision de noix de coco safranées. La tradition veut qu’on les brise sur le sol en guise d’offrande au passage du dieu à tête d’éléphant.
« C’est important. Cela signifie que l’on ouvre son cœur à Ganesh », explique Kumar qui attend le passage de la procession, posté sous le métro aérien. Aucune chance que la divinité passe devant son restaurant… de l’Hay-les-Roses (Val-de-Marne). Alors il est venu en famille avec un stock de noix de coco (pour Ganesh) et de boisson et de nourriture à offrir aux passants. « J’en ai bien pour 500 €. Mais maintenant je serai sous la protection de Ganesh », se félicite-t-il.
« C’est fou. On se croirait vraiment en Inde », note Cédric, 34 ans, un habitant du Xe, qui assiste à son 3e défilé de Ganesh. « A chaque fois c’est aussi impressionnant », explique-t-il en s’écartant un peu pour éviter les projections de lait de coco. Sa fillette, qu’il porte sur ses épaules, est impressionnée aussi… mais pas forcément ravie. « Ça casse les oreilles », finit-elle par lâcher alors que les musiques indiennes redoublent d’intensité dans les sonos alentour.
Ce 23e défilé organisé à Paris suscite toujours autant de ferveur. LP/Benoît Hasse