DEPAYSEMENT garanti. Demain, il vous suffira d’un ticket de métro pour partir… en Inde. Les abords de la station la Chapelle accueillent en effet la procession annuelle en l’honneur du dieu Ganesh. Ce 13 e rendez-vous organisé dans la capitale devrait rassembler toute la communauté hindouiste d’Ile-de-France. Ce dieu, affublé d’un corps d’enfant et d’une tête d’éléphant, est considéré comme le plus important de la religion hindoue.
Entre fidèles, touristes et simple curieux, les organisateurs du défilé attendent plus de 30 000 personnes sur l’ensemble du parcours (lire ci-dessous) .

Comme tous les ans, la procession partira à 11 heures du temple de Ganesh situé au 72, rue Philippe-de-Girard (le plus ancien de Paris, fondé en 1985 dans un modeste local au pied d’un immeuble vétuste). Le cortège entourant le char du dieu Ganesh sillonnera ensuite les rues de Little India, le microquartier hindou de la capitale qui s’étale sur quelques pâtés d’immeubles à la frontière des X e et XVIII e arrondissements. « Il serait plus juste de parler de Little Jaffna, du nom de la capitale de la région tamoulophone du Sri Lanka », rectifie l’ethnologue Aude Mary dans un livre qu’elle a consacré au quartier « ethnique » de la Chapelle*.

« Dimanche, on sera des milliers, ici »

C’est en effet ce quartier voisin de la gare du Nord qui a accueilli les premiers réfugiés tamouls dans les années 1980 (après le durcissement de lois d’immigration en Angleterre où cette communauté avait tendance à se rendre). La première boutique tamoule du X e arrondissement aurait ouvert en 1982. Les autres ont suivi par un phénomène de regroupement communautaire. Vingt ans plus tard, les Tamouls (estimés à 50 000 personnes en région parisienne) se retrouvent davantage en Seine-Saint-Denis qu’à Paris. Mais tous les commerces communautaires sont restés concentrés dans le petit quartier de la Chapelle. On en compte plus de 60 rien que dans le haut de la rue du Faubourg-Saint-Denis. Des épiceries aux senteurs de safran, des restaurants, des magasins d’étoffe remplis de saris, des call centers, mais aussi des salons de coiffure ou des magasins de vidéos croulant sous les DVD en provenance de Bollywood, l’usine à films de Bombay. Hier, à quelques heures de la fête de Ganesh, tous ces commerçants commençaient à préparer les guirlandes de fleurs et les offrandes en prévision de la grande procession de demain. « Dans notre religion, la procession de Ganesh, c’est quelque chose qu’on doit suivre, expliquait un client sri-lankais venu d’Aubervilliers pour faire des courses en prévision de la fête. Dimanche, assurait-il, on sera des milliers, ici. »

* « En territoire tamoul à Paris », par Aude Mary. A paraître le 17 septembre aux Editions Autrement.

 

Retour Presse